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Le 19 mars
A voir ce que demande les putes
L’émancipation des femmes passe par Abou Dhabi
«Plus on parle des femmes, plus le message passe dans nos sociétés»
A première vue, pas de quoi révolutionner la situation des femmes dans le Golfe. La plupart des étudiantes émiraties ne s’y sont pas trompées. «L’intérêt n’est pas dans ces interventions mais dans la publicité qu’elles entraînent. Plus on parle des femmes, plus le message passe dans nos sociétés», explique El Jahara, de l’université Cheikh Zayed. «Bien sûr, c’est difficile d’aller à l’encontre de la tradition mais c’est en train de changer. Il y a 10 ans, personne n’aurait imaginé un tel événement ici», renchérit-elle, sourire en coin, légèrement aguicheur.
Dans la fédération de sept émirats, 85% des jeunes filles sont désormais scolarisées. Elles sont 15 000 à prolonger leurs études supérieures, essentiellement à Dubaï et Abou Dhabi. Ces chiffres font la fierté du ministre de l’Education, Nayan Mubarak Al Nayan, qui rappelle à qui veut l’entendre le soutien de l’ancien Président Cheikh Zayed à la cause des femmes. Ce n’est pourtant qu’après la disparition du «père de la Nation» en 2004 que deux d’entre elles sont entrées au gouvernement.
Avec sa mèche de cheveu qui dépasse du Hijab, son jean et ses baskets, Enda n’a rien à envier à sa consoeur des Emirats Arabes Unis. Elle vient du Koweït où les femmes ont commencé leur combat dès les années 70. Trente années de bataille et deux générations de militantes pour obtenir le droit de vote et d’éligibilité en juin dernier. Les koweitiennes l’exerceront dès l’année prochaine, pour renouveler le parlement.
Au Qatar aussi les femmes se rendront aux urnes en 2007, pour le premier scrutin législatif organisé dans ce pays qui compte désormais une femme au ministère de l’Education. A Doha, elles sont une poignée à préparer cette échéance et à demander l’instauration provisoire de quotas. «Le seul moyen d’inverser la tendance et d’avoir l’occasion de prouver nos capacités», selon Moza Al Malki, candidate déclarée, lucide sur le défi qu’elle s’apprête à relever.
La revendication est partagée par Rola Dashti, membre de l’association économique koweitienne, dont l’intervention à Abou Dhabi a suscité deux longues minutes d’applaudissements. Dans la ligne de mire de cette militante qui frise la cinquantaine et qui a abandonné son voile et son abaya pour un tailleur et une légère décoloration, les islamistes radicaux. «Tout va se jouer dans les cinq prochaines années, si on ne continue pas à pousser et à demander nos droits, si on ne se fait pas plus entendre, les maigres avancées auxquelles on assiste s’arrêteront là», confie-t-elle. «Aujourd’hui deux idéologies s’affrontent. L’une favorable à un véritable rôle des femmes dans nos sociétés. L’autre qui veut qu’elles rentrent chez elles pour faire la cuisine».
L’émancipation des femmes se heurte au poids de la culture et de la religion
Contrairement à toute attente, c’est de Lama Al Sulaiman, la première femme élue en Arabie Saoudite, que sont venues les critiques. A la faveur de réformes encore balbutiantes, cette pionnière est devenue membre du conseil d’administration de la chambre de commerce de Djedda en novembre dernier. Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer que les Saoudiennes ne demandent rien. «Ne pas avoir le droit de conduire ou de sortir seule de chez soi n’a rien à voir avec les droits des femmes, c’est une question de culture», affirme-t-elle, un discours évidemment rejeté par son aînée koweitienne.
«Malheureusement, dans nos sociétés l’autocritique reste associée à de l’antipatriotisme», estime Rola Dashti, «c’est le résultat de l’influence des conservateurs qui puisent tantôt
dans la religion, tantôt dans la tradition pour associer l’émancipation
à un produit importé de l’occident». «Cela crée une culpabilité aussi
forte qu’inconsciente», ajoute une journaliste venue d’Oman où deux femmes ont déjà été élues députées.
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