L’ombudsman
(médiateur) suédois à l’égalité des sexes a souhaité hier que l’équipe
nationale de football renonce à participer à la Coupe du monde en
Allemagne, en raison du trafic d’êtres humains lié à la prostitution.
«
Nous devrions prendre nos distances et dire que nous ne pouvons
accepter une telle situation, et que pour cette raison nous ne voulons
tout simplement pas participer », a déclaré Claes Borgstrom sur les
ondes de la radio publique suédoise SR. « C’est une très bonne occasion
de faire quelque chose d’efficace (...) contre l’esclavage moderne,
tout simplement », a-t-il estimé.
Selon certaines ONG, plusieurs
milliers de femmes contraintes de se prostituer pourraient arriver en
Allemagne à l’occasion de la Coupe du monde de football (9 juin-9
juillet).
En février, lors d’une réunion à Bruxelles, le ministre
suédois de la Justice Thomas Bodstrom s’était déjà inquiété du risque
de trafic de femmes obligées de se prostituer lors de l’événement
sportif.
En 1999, la Suède a été le premier pays à pénaliser les
clients des prostituées qui risquent des amendes voire des peines de
prison, tout en ne poursuivant pas les prostituées elles-mêmes.
«
Peut-être que dans 10 ans, on se souviendra de nous pour avoir été les
premiers à avoir tapé du poing sur la table et dire “non, le trafic,
nous ne souhaitons pas y participer” », a déclaré à l’AFP Magnus
Jacobson, le porte-parole de l’ombudsman.
« Extrêmement naïf »
«
Il peut s’agir de 10 000, 40 000 femmes (...). Ce sont souvent des
femmes qui ont subi de graves préjudices et ont vécu dans des
conditions terribles », a-t-il poursuivi, précisant qu’elles
proviennent souvent d’Europe de l’Est.
L’Allemagne a légalisé en
2001 la prostitution, offrant du même coup aux prostituées une
couverture sociale. Plusieurs villes allemandes envisagent de mettre en
place à l’occasion de cette compétition des « box à prostitution »,
équipés de toilettes et douches.
La vice-présidente de la
Confédération suédoise des sports, Birgitta Ljung, a réagi aux propos
de l’ombudsman en affirmant qu’évoquer un boycott est « extrêmement
naïf », selon l’agence de presse suédoise TT.
« Cela signifierait
qu’une nation entière serait déçue lors de cette Coupe du monde et par
ailleurs, nous serions probablement suspendus pour la prochaine », a
pour sa part estimé le président de la Fédération suédoise de football
Lars-Aake Lagrell, également cité par TT.
Selon la présidente de la
commission des Droits des femmes du Parlement européen, la Slovaque
Anna Zaborska, la prostitution connaît une augmentation spectaculaire
lors des manifestations sportives ou des congrès internationaux.