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20 mars 2006

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Le 20 mars

La Grande-Bretagne en campagne contre les mariages forcés


La Grande-Bretagne vient de lancer une vaste campagne contre les mariages forcés, un drame qui chaque année ruine les vies de centaines de fillettes, d’adolescentes et de jeunes femmes dans ce pays.
Ces mariages, pour lesquels la victime est souvent renvoyée dans son pays d’origine, aboutissent parfois à son suicide, voire au «crime d’honneur», c’est-à-dire l’assassinat de la victime par les siens ou l’époux qu’on lui a choisi parce qu’elle refuse la situation.
Soucieux de prévention, le gouvernement britannique a financé des messages diffusés à la fois dans les journaux, à la radio, la télévision et sur des panneaux publicitaires dont le slogan proclame «Vous avez le droit de choisir».
Selon les statistiques de l’Unité sur les mariages forcés (FMU) créée en 2000 par le ministère de l’Intérieur, environ 250 de ces mariages sont signalés en moyenne chaque année. Mais les chiffres réels seraient bien plus importants.
Les premières communautés touchées sont celles originaires du sous-continent indien: l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et le Sri Lanka.
Mais le mariage forcé «n’est pas un problème affectant seulement la communauté d’Asie», a déclaré la secrétaire d’État à l’Intérieur Patricia Scotland, en lançant la campagne le 16 mars: «Nous avons également recensé des victimes originaires du Proche-Orient, des Balkans et d’Afrique», a-t-elle insisté, dénonçant cette «forme de violence domestique et de violation des droits humains».
Jasvinder Sanghera a failli en être victime. Après avoir fui un mariage programmé, elle a fondé à Derbu (centre de l’Angleterre) le refuge Karma Nirvana. Les deux tiers des appels proviennent de jeunes filles confrontées au mariage forcé. «Les jeunes filles d’origine asiatique s’automutilent et se suicident à une fréquence double ou triple de la moyenne nationale», s’alarme-t-elle. Elle pointe la « forte préférence » des familles pour les époux choisis à l’étranger, et insiste sur la nécessité d’informer les enfants à l’école, avant l’âge des premières pressions familiales.
Mme Sanghera avait 14 ans quand on lui a montré la photo de l’homme qu’elle devait épouser. «Ma famille, raconte-t-elle à l’AFP, m’a dit “Marie-toi avec lui ou tu seras morte à nos yeux”. Ils me prenaient ma liberté. J’ai souffert d’une agression physique et émotionnelle, je me suis sauvée.» Ensuite, poursuit-elle, «on se sent coupable, déprimée et très isolée. On perd sa famille du jour au lendemain, on est la victime que l’on fait passer pour la coupable».
Shipa avait, elle, été embarquée de force dans un avion pour le Bangladesh à 18 ans. Désespérée, elle a fait passer à une hôtesse un message griffonné sur un mouchoir en papier. Le message est parvenu à son ami, Sufian Miah, depuis devenu son mari. Il a, raconte-t-il à l’AFP, remué ciel et terre pour la retrouver et la libérer, allant jusqu’à saisir la justice au Bangladesh.
Actrice britannique d’origine asiatique très connue en Grande-Bretagne, Meera Syal a apporté son soutien à cette campagne contre les mariages forcés. Elle insiste sur la «différence énorme entre mariages arrangés et mariages forcés».
Selon les chiffres de la FMU, 85% des victimes sont de sexe féminin, la plus jeune recensée étant une fillette de 11 ans. En cinq ans, l’action de l’Unité a permis quelque 75 rapatriements.
Londres s’est opposé jusqu’à présent à la création d’un délit précis visant les mariages forcés. Pour «ne rien faire qui rendrait les choses plus difficiles pour les victimes», a expliqué la baronne Scotland.


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